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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/337

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veut contraindre d’entrer[1]. On a mandé de Toulouse qu’un jeune homme qui allait prier tous les jours à Saint-Étienne, sur le tombeau du saint martyr Marc-Antoinc Calas, est devenu fou pour n’avoir pas obtenu de lui le miracle qu’il demandait ; et ce miracle, c’était de l’argent.

On ne peut rien ajouter, monsieur, ni à ma compassion pour les fanatiques, ni à ma sincère estime pour vous.


5128. — DE LOUIS-EUGÈNE,
prince de wurtenberg
Renan, 8 janvier.

Le marquis de Genti, monsieur, s’est acquitté à son retour de Ferney de la commission dont vous m’avez fait l’honneur de le charger, avec cette politesse qui lui paraît naturelle, et avec toute la chaleur de l’amitié que vous avez su lui inspirer.

Je sens tout le prix des offres qu’il vous a plu de me faire faire par lui. J’y suis sensible comme je le dois, monsieur ; mais certes je n’en abuserai pas, et parce que je serais au désespoir de paraître importun à une personne que j’aime tant que vous, et parce que les engagements que j’ai pris m’ont déjà fixé ailleurs. Mais je profiterai avec empressement du bonheur que j’ai d’être dans votre voisinage, et je compte, si vous voulez bien l’agréer, rendre mardi prochain mes devoirs à mon ancien maître et ami.

Je me réjouis d’avance du plaisir que j’aurai de vous renouveler de bouche les assurances sincères de la tendre amitié et de la haute estime avec lesquelles je n’ai jamais cessé d’être, monsieur, votre, etc.


Louis-Eugène, duc de Wurtemberg.

5129. — À M. DE CIDEVILLE.
Au château de Ferney, par Genève, 9 janvier.

Oui, mon cher contemporain, mon cher confrère en Apollon, je compte sur votre amitié ; elle vous fascine les yeux en ma faveur, et je lui en sais le meilleur gré du monde. Plus vos lettres sont aimables, plus nous devons nous plaindre de leur rareté, Mme Denis et moi. Vous êtes, à Paris, à la source de tout, et nous ne sommes, dans les Alpes, qu’à la source des neiges.

Vous me feriez grand plaisir de me mander si l’on a donné quelque pièce de Goldoni, et comment elle aura réussi. Je suis persuadé que l’évêque de Montrouge[2] fera un discours fort salé,

  1. Sans doute la lettre de l’évêque d’Agen contre la Tolérance des huguenots à laquelle Antoine Court avait répondu.
  2. L’abbé de Voisenon, élu à l’Académie française.