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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/358

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5150. — À M. DE BRUS[1].
20 janvier.

Je voudrais bien baiser des deux côtés cette bonne religieuse Mme Julie Fraisse[2]. Voilà un beau contraste avec la barbarie des assassins en robe noire. J’aime encore passionnément ce M. Dumas, le brave homme ! le digne homme[3] ! Dites-lui, je vous en prie, monsieur, combien je lui ai d’obligations. Je ne doute pas qu’on ne fasse courir dans Paris la lettre de la bonne Mme Fraisse à M. d’Auriac. Elle doit faire un très-grand effet, j’en envoie copie à mes amis. Mais pour l’archevêque de Toulouse et frère Bourges, je les tiens pour fort suspects. Je crois que le discours révoltant du conseiller au parlement de Paris nous servira plutôt que de nous nuire ; les juges du conseil se croiront intéressés à repousser loin d’eux ce reproche infâme qu’on a plus de soins de l’honneur de la magistrature que de l’équité, qui en fait le véritable honneur.

Mes compliments, je vous prie, à M.de Végobre, et puisse le procès aller au grand conseil !


5151. — À M. DAMILAVILLE[4].
21 janvier.

J’envoie à mes frères la copie de la lettre d’une bonne religieuse ; je crois cette lettre bien essentielle à notre affaire. Il me semble que la simplicité, la vertueuse indulgence de cette nonne de la Visitation, condamnent terriblement le fanatisme sanguinaire des assassins en robe de Toulouse.

Je demande pardon à mon frère de m’être trompé sur une brochure qu’il avait eu la bonté de m’envoyer[5]. Il ne m’annonçait par le titre qu’un discours d’un M. Rouxelin. Je n’eus pas le temps de le lire, et je ne m’aperçus pas qu’il était suivi du discours de M. de Beaumont. Je répare ma faute, je le lis, et je vais remercier l’auteur.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Anne-Julie Fraisse méritait ces éloges ; sa lettre à M. d’Auriac. imprimée sur une page volante, fut jointe aux recueils factices de mémoires et de factums que Voltaire répandait partout à profusion. (Note du premier éditeur.)
  3. C’est chez lui qu’habitèrent à Paris Mme Calas et ses filles. Il parait s’être montré pour elles un protecteur délicat et dévoué. (Id.)
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
  5. Le discours de Beaumont sur la Population.