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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/364

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bien indigné que ce frère Bourges et ce curé de Saint-Étienne[1] ne répondent pas à un avocat au conseil. Dieu veuille que ce Bourges ne soit pas un fripon et que ce curé ne soit pas un lâche !

Je tremble pour la santé de M. Gilbert de Voisins ; il est vieux et infirme. Pour M. de Crosne, son mariage[2] ne fera que rendre son cœur plus tendre encore envers une mère et deux filles dont le sort est entre ses mains. C’est proprement du rapporteur que tout dépend.

Je ne me console point que mon neveu, qui est son ami et son allié, soit à son abbaye ; mais je peux vous répondre qu’il l’a laissé aussi bien disposé que nous pouvons le désirer.

Je vous prie de ne donner communication du petit mot touchant M. le duc de Praslin[3] qu’à des personnes très-discrètes ; les ministres n’aiment point que leurs démarches soient pressenties.

Je vous embrasse de tout mon cœur, vous et vos amis.


5158. — À M. DAMILAVILLE.
24 janvier.

Mon cher frère, on ne peut empêcher, à la vérité, que Jean Calas ne soit roué ; mais on peut rendre les juges exécrables, et c’est ce que je leur souhaite. Je me suis avisé de mettre par écrit toutes les raisons qui pourraient justifier ces juges ; je me suis distillé la tête pour trouver de quoi les excuser, et je n’ai trouvé que de quoi les décimer.

Gardez-vous bien d’imputer aux laïques un petit ouvrage sur la tolérance qui va bientôt paraître[4]. Il est, dit-on, d’un bon prêtre ; il y a des endroits qui font frémir, et d’autres qui font pouffer de rire ; car, Dieu merci, l’intolérance est aussi absurde qu’horrible.

Mon cher frère m’enverra donc la petite feuille qu’on attribue à M. Le Brun[5]. Mais est-il possible que Le Brun, qui m’adressait

  1. Cathédrale de Toulouse.
  2. Avec Mlle de La Michodière. Voltaire était en correspondance active avec le beau-père comme avec le gendre.
  3. La promesse qu’avait donnée ce ministre d’assister à la séance du grand conseil. Tous les ministres s’y trouvèrent.
  4. Traité sur la Tolérance ; voyez tome XXV, page 13.
  5. Le Brun, dans sa Renommée littéraire, avait inséré une réponse à l’Éloge de Crébillon (par Voltaire) ; voyez tome XXIV, page 345.