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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/378

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que je le suis. C’est tout ce que je peux lui souhaiter de plus agréable et de plus doux. Je l’aime, puisqu’elle paraît ajouter à votre gloire la réputation de bienfaisance que vos actions respirent autant que vos écrits immortels.

Recevez les assurances de l’amitié la plus sincère et la plus invariable.


5174. — À M. COLINI.
À Ferney, 1er février.

Je fais un effort pour tous écrire, mon cher Colini : car je vois à peine mon papier. Je deviens aveugle ; et si jamais je fais ma cour à Leurs Altesses électorales, je me ferai conduire par un petit chien. Si vous êtes dans l’intention d’imprimer Olympie, je vous prie de faire une petite préface par laquelle il paraisse, et comme il est vrai, que je n’ai nulle part à l’impression. Si mes amis de Paris pouvaient s’imaginer que je fais imprimer cette pièce en pays étranger, au lieu de la donner en France, ils m’en sauraient mauvais gré avec raison. Je vous assure d’ailleurs que l’ouvrage acquerra un nouveau prix, s’il en a quelqu’un, par une préface de votre main. Je vous serai plus obligé que vous ne me l’êtes. Addio, caro !


5175. — À M. DAMILAVILLE.
1er février.

J’ai pris la liberté, mon cher frère, d’écrire à M. d’Aguesseau et à M. de Crosne[1] la lettre dont je vous envoie copie. Je ne sais si MM. de Beaumont, Mariette et Loyseau, ne feraient pas bien de présenter requête contre l’insolence du présidial de Montpellier, qui a fait saisir leurs factums. Il me semble que c’est outrager à la fois le conseil à qui on les a présentés, et les avocats qui les ont faits. Si les avocats n’ont pas le droit de plaider, il n’y aura donc plus ni droit ni loi en France. Je m’imagine que ces trois messieurs ne souffriront pas un tel outrage. Il n’appartient qu’aux juges devant qui l’on plaide de supprimer un factum, en le déclarant injurieux et abusif ; mais ce n’est pas assurément aux parties à se faire justice elles-mêmes. J’espère surtout que cette démarche du présidial de Montpellier, commandée par le parlement de Toulouse, sera une excellente pièce en faveur des Calas. On ne doit plus regarder les juges du Languedoc que comme des criminels qui cherchent à écarter les preuves de leur crime des yeux de leur province.

  1. Voyez page 365.