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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/397

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de Montrouge[1], il m’avait écrit qu’il me l’envoyait, mais point de nouvelles : monsieur l’évêque est occupé auprès de quelques filles de l’Opéra-Comique. Mais c’est à frère Thieriot que j’en veux. Il est bien cruel qu’il n’ait pas encore cherché les Dialogues de Grégoire le Grand[2]. Je les avais autrefois ; c’est un livre admirable en son espèce ; la bêtise ne peut aller plus loin.

Je reçois Tout le monde a tort[3] ; ce Tout le monde a tort ne serait-il point de Mme Belot ? Il me paraît qu’une ironie de soixante pages, en faveur des jésuites, pourrait être dégoûtante. Je reçois aussi la belle et bonne lettre de mon frère, le tout enveloppé dans un papier destiné aux opérations du vingtième. Je suis toujours émerveillé que mon frère, enseveli dans ces occupations désagréables, ait du temps de reste pour les belles-lettres et pour la philosophie.


5189. — À M. DE LA. MICHODIÈRE,
intendant de rouen.
À Ferney, le 13 février.

Si j’avais des yeux, monsieur, j’aurais l’honneur de vous remercier, de ma main, de la lettre dont vous avez bien voulu m’honorer. Recevez mes très-humbles compliments pour vous et M. Thiroux de Crosne, sur le mariage de madame votre fille. Celui de Mlle Corneille n’est pas si brillant ; je l’ai donnée à un jeune gentilhomme nommé Dupuits, dont les terres sont voisines des miennes. Il n’est encore que cornette de dragons ; mais il a un avantage commun avec M. de Crosne, celui d’être heureux par la possession de sa femme.

L’affaire que M. de Crosne rapporte est un peu éloignée des agréments dont il jouit ; elle est bien funeste, et je n’en connais guère de plus honteuse pour l’esprit humain. J’ai pris la liberté d’écrire à M. de Crosne sur cette affaire[4]. Je dois me regarder en quelque façon comme un témoin. Il y a plusieurs mois que Pierre Calas, accusé d’avoir aidé son père et sa mère dans un parricide, est dans mon voisinage avec un autre de ses frères.

  1. C’est ainsi que Voltaire appelait l’abbé de Voisenon, à qui il écrivit le 28 février (voyez lettre 5209).
  2. Paris, 1689, in-12. Le traducteur français est L. Bulteau.
  3. Tout le monde a tort, ou Jugement impartial d’une dame philosophe sur l’affaire des jésuites, 1762, in-12. Barbier dit que cet opuscule est du jésuite Abrassevin.
  4. Voyez la lettre du 30 janvier, n° 5170.