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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/407

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néglige point notre affaire. Vous sentez bien qu’elle est immanquable, puisque le rapporteur me dit qu’il viendra nous voir, et qu’assurément il n’y viendrait point s’il était contre nous. On a cru que depuis sa lettre écrite, le rapport a été commencé, mais non fini. Vous voyez que tous les ministres veulent assister au jugement du conseil, et qu’ils suivent en cela l’exemple de M. le duc de Praslin : ce n’est pas assurément pour me faire de la peine ; ainsi bénissons Dieu, qui daignera tirer un très-grand bien d’un très-grand mal.

J’allais envoyer cette lettre, lorsque je reçois la vôtre de ce matin. Voici le fait. C’est l’usage des jeunes maîtres des requêtes qui rapportent des affaires importantes, de faire quelques répétitions à huis clos devant quelques-uns de leurs confrères. C’est ce qu’a fait M. de Crosne, et c’est ce qui a occasionné l’erreur. On a dit que la pièce avait été jouée, quand elle n’avait été que répétée. Encore une fois, vous devinez bien par la lettre de M. de Crosne que nous devons avoir les plus justes et les plus grandes espérances.

Voici les noms des juges et leur opinion[1].

À la roue :

Les nommés Cleirac-Casan, rapporteur ;

Les nommés CSenaux ;

Les nommés CLa Bordes ;

Les nommés CPuget ;

Les nommés CCassan-Jottes ;

Les nommés CD’Arbous ;

Les nommés CDesinnocents ;

Les nommés CBeaugeat, lequel se détacha des six autres qui demandaient un plus amplement informé.

  1. Voici ces noms, tels que nous les avons trouvés dans les pièces originales : MM. de Cassan-Clairac, rapporteur, le président de Senaux, de Lasbordes, le président du Puget, Cassan-Glatens (appelé aussi Cassan-Gotte ou de Jotte), d’Arbou, Desinnocents, de Bojal, doyen, qui décida la mort de Calas en se joignant aux sept premiers.

    MM. Gauran, Cambon, de Boissy (qui avait été chargé de continuer l’information commencée par les capitouls), Coudougnan et Miramont, ne prononcèrent pas la sentence de mort ; mais un seul d’entre eux se déclara pour l’acquittement. Nous regrettons vivement de ne pouvoir le désigner, mais peut-être inclinerions-nous à attribuer cet insigne honneur à Etienne de Boissy. Deux autres consentirent à la torture seulement, pour juger ensuite. S’ils l’eussent emporté, il est presque certain que Calas, n’ayant rien avoué, eût été absous, ou au moins aurait eu la vie sauve. Les deux derniers voulaient vérifier avant tout si le suicide de Marc-Antoine, pendu à la pièce de bois posée sur les deux portes, était, comme on le prétendait, une impossibilité matérielle. (Note du premier éditeur.)