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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/412

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il est fort gai ; il prend toutes les choses de ce monde pour les bouteilles de savon, et franchement elles ne sont que cela.


5205. — À M. MOULTOU[1].
25 février 1763.

Je suis en peine, monsieur, d’Olympie et de la Tolérance. Je trouve qu’il y a beaucoup à faire au premier ouvrage, et que le second est bien délicat. Je vous soumets l’esquisse d’un nouveau chapitre. Il ne tient qu’à vous qu’il soit meilleur.

N’auriez-vous point quelque bon livre sur ce sujet ? Et voudriez-vous me le prêter ? Mais quelques lignes de votre main vaudraient mieux que tous les livres.

Renvoyez-moi, je vous supplie, le plus tôt que vous pourrez ce croquis que j’ai dicté et dont je n’ai point de copie.

Je suis sûr que monsieur le contrôleur général, M. le duc de Praslin, M, le duc de Choiseul, Mme de Pompadour, ont de très-bonnes intentions. Il faut assurément en profiter. Ne pourriez-vous point quelque jour venir en causer avec moi ? Votre jeunesse est faite pour éclairer tous les âges.


5206. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Ferney, 25 février.

Plus anges que jamais, Mme Denis est toujours malade, et moi, toujours aveugle, et vous ne me dites rien de vos yeux. L’âge avance ; on n’est pas plus tôt sorti du collège qu’on a soixante ans ; en un clin d’œil on en a soixante-dix ; on voit tomber ses contemporains comme des mouches. Mes nouveaux mariés, qui sont à vos pieds, ne savent rien de tout cela. Je voudrais que vous eussiez vu la crainte où était Marie de ne point avoir son Dupuits. « Mon père m’a signifié que je ne devais pas me marier ; qu’il n’y consentirait point. » Mes anges, que vouliez-vous que je pensasse ? Vous voulez que je commente François Corneille ; c’est bien assez de commenter Pierre. Ce Pierre me fait passer de mauvais quarts d’heure ; je suis outré contre lui. Il est comme les bouquetins et les chamois de nos montagnes, qui bondissent sur un rocher escarpé, et descendent dans des précipices. J’avais cru que Racine serait ma consolation, mais il est mon désespoir.

  1. Éditeur, A. Coquerel.