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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/445

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teurs, et ils sont persécutés ; ils recueillent ce qu’ils ont semé : rien n’est plus juste. Puisse ce premier pas apprendre à la France que nous avons plus besoin de cultivateurs que de moines.

Vous me feriez un très-grand plaisir, monsieur, de vouloir bien m’apprendre si on peut compter que les tailleurs bourguignons rogneront, comme ailleurs, les robes des jésuites. Ils ont un petit bien, un domaine rural, dans le pays de Gex, qui pourrait faire quelque bien au canton, en étant remis dans la circulation, et en n’étant plus mainmortable ; il se trouverait des voisins qui payeraient la valeur de ce domaine, et on prendrait, dès à présent, des mesures pour rassembler la somme nécessaire, que l’on déposerait ensuite, ainsi qu’il serait ordonné par le parlement. Si cette affaire n’est pas encore mûre, j’ose pourtant vous demander ce que vous en prévoyez, et je vous promets le secret.

J’ai l’honneur d’être, avec l’attachement le plus respectueux, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

Permettez-moi d’en dire autant à Mme Le Bault.


5245. — À M. DAMILAVILLE.
Aux Délices, 23 mars.

Mon cher frère, l’illustre frère[1] qui daigne tant aimer Brutus me paraît avoir suppléé, par sa brillante imagination, à ce qui manque à cette pièce. Je ne peux en conscience lui en savoir mauvais gré. Un tel suffrage et le vôtre sont d’une grande consolation. Je me souviens que, dans la nouveauté de cette pièce, feu Bernard de Fontenelle, et compagnie, prièrent l’ami Thieriot de m’avertir sérieusement de ne plus faire de tragédies. Ils lui dirent que je ne réussirais jamais à ce métier-là. J’en crus quelque chose, et cependant le démon du théâtre l’emporta. Parlez-en à frère Thieriot, il vous confirmera cette anecdote, car il a la mémoire bonne.

Je vous renouvelle mes félicitations sur le succès des Calas. J’ai appris une des raisons du jugement de Toulouse qui va bien étonner votre raison.

Ces visigoths ont pour maxime que quatre quarts de preuve

  1. Grimm ; voyez sa Correspondance, avril 1763.