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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/484

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censeur royal, et d’un privilège. Quel chien de pays que le vôtre, où l’on ne peut pas dire ce qu’on pense ! On le dit en Angleterre, quel mal en arrive-t-il ? la liberté de penser empêche-t-elle les Anglais d’être les dominateurs des mers et des Guinées ? Ah, Français ! Français ! vous avez beau chasser les jésuites, vous n’êtes encore hommes qu’à demi.

On me mande que votre parlement examine les manuscrits de monsieur le contrôleur général avec une extrême sévérité, et qu’on parle d’un lit de justice[1]. Les arrangements de finance ne laissent pas de nous intéresser, nous autres Genevois ; mais vous vous donnerez bien de garde de m’en dire un mot. Vous seriez pourtant de vrais anges, si vous daigniez en toucher quelque chose.

Je prends la liberté de vous adresser cette lettre pour frère Damilaville. Je vous supplie de la lui faire tenir par la petite poste, ou de la lui donner, s’il vous fait sa cour. Pardon de la liberté grande[2].

Mes anges, soyez donc plus doux, plus traitables. Peut-on accabler ainsi un pauvre montagnard !

Mon Dieu ! que je trouve les tracasseries des billets de confession, et tout ce qui s’en est suivi, ridicules ! C’est la farce de l’histoire. Peut-on traiter sérieusement un sujet de farce ? passez-moi un peu de plaisanterie, je vous en prie : cela fait du bien aux malades.

Mes anges, ne soyez pas impitoyables envers votre vieille créature, qui vous aime tant.


5286. — À M. DAMILAVILLE.
11 mai.

Je vous ai écrit plusieurs fois, mon cher frère, et je ne vous ai envoyé d’autre paquet que celui qui était pour M. le comte de Bruc, chez M. le marquis de Bosmadec, à l’hôtel Bosmadec, rue de Sèvres, faubourg Saint-Germain. Je vois que vous ne l’avez pas reçu. Je vous ai prié[3] de parler à M. Janel, d’offrir le payement du paquet, et de redemander la lettre à vous adressée, qui était sous votre enveloppe. Je vous ai accusé la réception des livres que vous avez eu la bonté de me faire parvenir. Je

  1. Il eut lieu le 31 mai.
  2. Mémoires de Grammont, chap. iii.
  3. Voyez pape 471.