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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/519

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Histoire générale la lettre de Daimens[1], imprimée par le parlement même ! Dira-t-on que cette lettre fait soupçonner que les discours de la grand’salle tournèrent la tête de Damiens ? Ne l’a-t-il pas avoué ? cela n’est-il pas formellement dans son procès-verbal ? Le parlement a fait imprimer cet aveu de Damiens ; et moi, je n’ai pas dit un seul mot qui pût jeter le moindre soupçon sur aucun membre du parlement. Il faudra donc chercher d’autres motifs de condamnation. Or, si on cherche d’autres motifs, pourquoi irai-je parler dans les papiers publics de la lettre de Damiens, qui ne peut être l’objet de la censure qu’on peut faire ? Il me semble que cette démarche de ma part ne servirait qu’à réveiller des idées qu’il faut assoupir. De plus, je m’avouerais l’auteur de l’ouvrage, et, en ce cas, je fournirais moi-même des armes à la malignité : ce serait prier ceux qui voudraient me nuire de me condamner juridiquement sous mon propre nom.

En voilà trop, mon cher frère, sur une chose qui n’aurait pas fait le moindre bruit, si l’esprit de parti ne faisait pas des monstres de tout. Je vous embrasse, vous et nos frères. Écr. l’inf…

Permettez que je vous adresse cette lettre[2] pour M. Mariette. Il est bien étrange que monsieur le procureur général de Toulouse n’ait pas encore envoyé les pièces quand le terme est expiré.


5327. — À M. COLINI.
28 juin.

Mon cher ami, je ne puis trop vous remercier de vos instructions sur les monnaies de Rome. Il me serait fort doux de chercher avec vous de vieilles vérités dans votre bibliothèque électorale. Mais l’âge avance, la faiblesse augmente, et probablement je ne vivrai et ne mourrai ailleurs que chez moi. La médaille de Jules III n’est pas modeste, mais je voudrais qu’on eût mis au revers : il ragazzo suo bardazza colla scimia[3]. Addio, caro. Je vous écrirai plus au long quand j’aurai de la santé et du loisir, deux choses qui me manquent.

  1. Page 321 du tome VIII de l’édition de 1761-63. La partie du chap. lix, où elle était alors, fait aujourd’hui le chap. xxxvii du Précis du Siècle de Louis XV, où la lettre est page 391 du tome XV.
  2. Elle manque.
  3. Ce que M. de Voltaire dit ici du pape Jules III n’est pas un trait satirique ; il appartient à l’histoire de ce pape, dont la vie ne fut pas très-édifiante. (Note de Colini.)