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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/523

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Que votre auguste famille me conserve ses bontés. Agréez, madame, mon profond respect.


5331. — À M. LE COMTE DE SARBETI.
Au château de Ferney, en Bourgogne[1].

Monsieur, je suis vieux, malade, surchargé d’inutiles travaux : voilà trois excuses de n’avoir pas répondu plus tôt à la lettre dont vous m’honorez. Je les trouve toutes trois assez désagréables, m’accommodant comme je peux des désagréments de la vieillesse de Corneille, qu’il faut pourtant faire imprimer, parce que le public, qui a plus de curiosité que de bon goût, veut recueillir les sottises comme les bons ouvrages. Je vois, monsieur, que vous aimez la vérité. Vous ne pardonnez sans doute à mes talents que parce que vous avez vu combien cette vérité m’est chère. J’espère que vous en trouverez quelques-unes dans la nouvelle édition de mon Essai sur l’Histoire générale. J’avais ébauché le genre humain, je me flatte à présent de l’avoir peint.

Je crois qu’en effet MM. Cramer, libraires, donneront un volume séparé de ces additions. Je leur laisse absolument tout le soin de la typographie, auquel je n’ai nul intérêt. Le mien est de dire la vérité autant qu’il est en moi. Ma récompense est le suffrage des hommes de votre mérite.

Je suis, avec les sentiments les plus respectueux, etc.


5332. — À M. HELVÉTIUS[2].
2 juillet.

La seule vengeance qu’on puisse prendre de l’absurde insolence avec laquelle on a condamné tant de vérités en divers temps est de publier souvent ces mêmes vérités, pour rendre service à ceux mêmes qui les combattent. Il est à désirer que ceux qui sont riches veuillent bien consacrer quelque argent à faire imprimer des choses utiles ; des libraires ne doivent point les débiter : la vérité ne doit point être vendue.

  1. Cette lettre, toujours classée en décembre 1763, doit être du mois de juin. (G. A.)
  2. Dans la Correspondance de Grimm (Ier août 1763), cette lettre est intitulée Épître aux fidèles, par le grand apôtre des Délices. M. Miger la donna en 1818 avec l’adresse à Helvétius, à qui elle paraît avoir été adressée d’après la Correspondance de Grimm. Cependant, dans un volume de Lettres inédites de Voltaire, etc., Paris, Mongie ainé, 1821, in-8o, elle porte l’adresse à Diderot. (B.)