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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/535

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5347. — À M. L’ABBÉ ARNAUD[1].
Château de Ferney, 20 juillet, 1763.

Personne ne s’intéresse plus que moi à votre journal[2], et j’ose dire à votre personne. Je sais que vous aimez les lettres autant que vous leur faites honneur. Une aussi grande entreprise que la vôtre demandait la protection d’un homme comme. M. le duc de Praslin.

Vous rendrez un véritable service à la littérature, tandis que d’autres ne cherchent qu’à l’avilir et à la rendre aussi ridicule qu’ils le sont eux-mêmes.

Permettez que je ne vous sépare point de M. Suard, et que je vous présente, etc.


5348. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[3].
Ferney, 26 juillet.

Vraiment, monsieur, vous en parlez bien à votre aise, vous à la fleur de l’âge, dans le sein des belles-lettres et des plaisirs ! Vos yeux sont excellents, vous écrivez quand vous voulez ; et moi, je suis un pauvre vieillard infirme qui a les neiges des Alpes sur la tête. J’ai voulu jouer un rôle de vieux bonhomme sur mon petit théâtre ; mais on ne m’entendait plus. Je suis obligé de renoncer à cet agréable amusement, qui me consolait.

J’ai reçu aujourd’hui une lettre de notre cher Goldoni. Je me flatte toujours qu’il passera chez nous à son retour ; mais je suis toujours réduit à faire des souhaits impuissants. Il me vient souvent des Italiens et des Anglais : la première question que je leur fais est pour savoir s’ils ont vu M. le marquis Albergati Capacelli ; s’ils ne l’ont pas vu, ils ne sont pas trop bien reçus.

On dit que M. Algarotti est malade à Bologne ; ce sont les deux ambassadeurs vénitiens revenant d’Angleterre et de Paris qui me l’ont dit ; ils prétendent que sa maladie est très-sérieuse. Je suis très-affligé de son état, et quoique je sois plus malade que lui, je vais lui écrire un petit mot.

Adieu, monsieur, on ne peut-être plus sensible que je le suis à vos bontés.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La Gazette littéraire.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.