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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/557

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5377. — À M. DAMILAVILLE.
17 auguste, au départ de la poste.

Je demande pardon à mon cher frère de ne lui plus parler que du temporel. Ce n’est pas que je ne m’intéresse vivement au Caloyer[1] et que j’abandonne le spirituel ; mais je me flatte que mon cher frère regardera cette affaire des dîmes comme un objet digne de son zèle. Il s’agit de confondre un prêtre : c’est toujours une bonne œuvre. Je me flatte que mon cher maître voudra bien m’envoyer pour mon édification ce Saül et David dont on parle tant, et que je ne connais pas.

J’ai vu le Radoteur, et beaucoup d’autres drogues de cette espèce. Tout cela n’est pas de l’argent comptant.

J’embrasse mon cher frère. Écr. l’inf…


5378. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
18 auguste.

Je reçois la lettre du 11 d’auguste de mes divins anges, avec le gros paquet. J’entre tout d’un coup en matière, car je n’ai pas de temps à perdre.

D’abord mes anges sauront que toutes les choses de détail ne sont point du tout comme elles étaient.

À l’égard de l’horreur que vous me proposez, et à laquelle Mme Denis n’a jamais pu consentir, cela prouve que vous êtes devenu très-méchant depuis que vous êtes ministre[2]. C’est ce que je mande à M. le duc de Praslin[3] ; le crime ne vous coûte rien : nous avions jugé, dans l’innocence des champs, qu’il était abominable que Fulvie voulût assassiner Antoine ; que ce n’était point l’usage des dames romaines, quand on leur présentait des lettres de divorce ; que deux assassinats à la fois, et tous deux manqués, pouvaient révolter les âmes tendres et les esprits délicats. Mais, puisque ce comble d’horreur vous fait tant de plaisir, je commence à croire que le public pourra la pardonner ; mais je vous avertis que la combinaison de ces deux assassinats est horriblement difficile ; il est à craindre que l’extrême atrocité ne devienne ridicule. Un assassinat manqué peut faire un effet

  1. Le Catéchisme de l’Honnête Homme, etc. ; voyez tome XXIV, page 523.
  2. Plénipotentiaire de l’infant duc de Parme.
  3. Cette lettre est perdue.