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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/574

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j’en ai moins de remords de ne vous pas faire ma cour aux Trois-Rois, mais je suis inconsolable d’avoir profité si peu de votre apparition chez les Allobroges. Je vous supplie de pardonner à ma misérable santé, qui s’oppose à mes devoirs et à mes plaisirs. Agréez au moins le respect et l’attachement avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

M’est-il permis de présenter mon respect à Mme de La Marche et à vos compagnons de voyage.



5399. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
7 septembre.

Mes divins anges, à peine ai-je reçu votre paquet, que j’ai fait à peu près tout ce que vous désirez. Vous ne m’avez point envoyé le premier acte : je vous prie de me le dépêcher, afin que je raccorde le tout. Vous aurez probablement la pièce[2] entière dès que vous m’aurez fait tenir ce premier acte qui me manque[3]. Il restera quelques vers raboteux ; cela ne fait pas mal au théâtre, et nous sommes convenus qu’il en fallait pour dépayser le monde. J’avoue que c’est une grande vanité à moi d’en convenir ; mais enfin j’ai passé dans mon temps, je ne sais comment, pour faire des vers assez coulants[4].

Vous avez bien raison : M. de Thibouville a le visage trop rond pour un conspirateur. Vous savez que César croyait que

  1. Je donne cette lettre telle qu’elle est dans le tome 1er du Supplément au Recueil des lettres de M. de Voltaire, publié par feu Auger en 1808. Plusieurs passages faisaient, dans l’édition de Kehl, partie d’une lettre du 11 février 1764. (B.)
  2. Le Triumvirat.
  3. Dans la lettre du 11 février 1764, au lieu de ce qui précède on lisait :

    « Mes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoyer le premier acte à M. Marcel, je vous en envoie cinq. Il se flatte d’avoir fait tout ce que votre comité exigeait de lui. Il restera, etc. »

  4. Dans la lettre du 11 février 1764, on lisait de plus ici :

    « Il faut que M. le duc de Praslin se donne avec vous le plaisir d’attraper le public ; c’est une vraie opération de ministre. M. Marcel vous enverra une lettre soumise pour la reine Clairon, qui sera de la même écriture que la pièce. Je ne connais point de conspiration mieux arrangée. Nous verrons si celle de Rousseau contre Genève réussira mieux. Il est vrai qu’il a sept à huit cents personnes dans son parti ; mais je tiens que mes trois conspirateurs valent mieux que les associés de Jean-Jacques.

    « Vous avez bien raison, etc. »