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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/155

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de l’amour comme dans l’opéra-comique, et c’est ce qu’il faut à nos belles dames.

J’ai préparé un Avis[1] au public, dans lequel je dis que le sieur Duchesne, qui demeurait au Temple du Goût, mais qui n’en avait aucun, s’est avisé de défigurer tous mes ouvrages, et qu’il a obtenu un privilège du roi pour me rendre ridicule. Je crois du moins que son privilège est expiré, et qu’il m’est permis de donner mes ouvrages à qui bon me semble.

Je finis, selon ma coutume, par les sentiments de l’amitié, sans formules inutiles.

6778 — À M. LEKAIN.
2 mars.

Mon cher ami, vous êtes bien sûr que je m’intéresse plus à votre santé qu’à tous les Scythes du monde. Ménagez-vous, je vous en prie ; il faut se bien porter pour être héros : tous ceux de l’antiquité avaient une santé de fer. Il importe fort peu qu’on joue les Scythes devant ou après Pâques ; mais, si vous en pouvez donner quatre ou cinq représentations avant la fin du carême, je vous conseille de ne pas perdre ces quatre ou cinq bonnes chambrées, parce qu’il est presque impossible que, dans la quinzaine de Pâques, l’édition de Cramer ne devienne publique.

Je n’avais point eu dessein d’abord de faire jouer cette pièce, et la préface l’indique assez ; mais, puisqu’on la joue à Genève, à Lausaune et chez moi, et qu’on la jouera à Lyon et à Bordeaux, il est bien juste que vous en donniez quelques représentations. Comptez que j’aurai soin de vos intérêts dans l’édition qu’on en fera à Paris, quoiqu’il soit difficile d’obtenir des libraires des conditions aussi favorables pour une pièce déjà imprimée que pour une qui serait toute neuve.

Je vous prie de vous amuser, pendant votre convalescence, à faire collationner sur les rôles tous les changements que je vous ai envoyés. En voici un que je vous recommande : c’est à la première scène du cinquième acte. Il m’a paru, à la représentation, que c’était à Sozame à parler avant sa fille, et qu’Obéide devait être trop consternée pour répondre à la proposition qu’on lui fait d’immoler Athamare. Voici ce petit changement :

obéide.

Je n’en apprends que trop.

  1. C’est l’Avis au lecteur qui est tome VI, page 335.