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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/203

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le fond de l’âme, vous ne tombiez dans le même péché. Je crois que c’est à cause de mon hérésie que Cideville ne m’écrit plus ; il m’a abandonné tout net comme un réprouvé. Faites-moi grâce : il ne faut pas que je sois excommunié partout.

Mille remerciements, madame, et mille respects. Comptez que je vous suis attaché pour le reste de ma vie[1].

6822. — À M. DAMILAVILLE.
3 avril.

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 21 mars par M. Mallet, et je n’ai reçu encore aucun des envois que vous avez bien voulu me faire par Lyon. Tous les mémoires de M. de Beaumont en faveur des Sirven sont encore à la douane : je ne sais pas quand je pourrai les avoir. Toute communication entre Lyon et Genève est interrompue.

M. Fournier vous avait envoyé l’étui de mathématiques pour M. Lembertad, il y a environ trois semaines, par la même voie que vous aviez vous-même choisie, et par laquelle vous aviez reçu le factum des Sirven signé de toute la famille. Il était à croire que l’étui de mathématiques[2], qui coûte, comme vous savez, cent écus, vous parviendrait de même. Il faut que quelque grand mathématicien ait mis la main dessus et se le soit approprié, car il est d’un des meilleurs ouvriers de l’Europe.

Je suis actuellement séparé du reste du monde. Nous ne savons plus de quel côté nous tourner pour faire venir les choses les plus nécessaires à la vie, et je mets les bons livres parmi les choses absolument nécessaires.

Je me sais bien bon gré de vous avoir envoyé ma lettre pour M. Linguet[3]. Je le croyais de vos amis intimes, puisqu’il m’envoyait son livre[4] par vous, et que M. Thieriot me l’avait vanté comme un des meilleurs ouvrages qu’on eût vus depuis longtemps. Je n’ai pas plus reçu le livre que les autres ballots ; mais je vous en crois sur ce que vous me dites. Il est bon de savoir à qui on a affaire. Vous vous êtes conduit très-sagement, je vous en loue, et je vous en remercie.

  1. Cette dernière ligne est de sa main.
  2. L’ouvrage de d’Alembert Sur la Destruction des jésuites, pour lequel l’auteur avait reçu du libraire cent écus.
  3. Voyez lettre 6793.
  4. Théorie des lois civiles ; voyez ibid.