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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/336

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CORRESPONDANCE.

mois. M. le comte de Saint-Florentin l’a fait avertir qu’on le remettrait dans un cul de basse-fosse s’il continuait ce manège. Il est bien triste pour moi que cette aventure m’ait privé du bonheur de m’approcher de vous.

Voici le troisième chant de la très-ridicule Guerre de Genève[1] ; je crois qu’on m’a volé le second. Un misérable capucin, très-digne, s’étant échappé de son couvent en Savoie, et s’étant réfugié chez moi, m’a volé, au bout de deux ans, des manuscrits, de l’argent et des bijoux. Son nom est Bastian ; il s’appelait chez moi Ricard. Il porte encore un habit rouge que je lui ai donné. Il est à Lyon depuis quelques jours ; c’est lui probablement qui a fait courir ce second chant. Il faut l’abandonner à la vengeance de saint François d’Assise.

Savez-vous que le roi d’Espagne a mandé au roi de France que les jésuites avaient fait un complot contre la famille royale ? Voilà d’étranges gens, et la religion est une belle chose ! On m’a mandé, des frontières d’Espagne, il y a longtemps, que les jésuites n’étaient pas les seuls moines coupables. Il ont été jusqu’à présent les seuls punis ; espérons en la justice de Dieu sur toute cette abominable racaille.

Ne pourriez-vous point, monsieur, vous faire informer secrètement s’il n’y a point quelque négociant protestant à Beaujeu, ou même quelque prédicant secret ? S’il y en a un à Lyon, comment s’appelle-t-il ? comment pourrais-je parvenir à avoir une liste des négociants languedochiens protestants qui sont à Lyon ? à qui pourrais-je m’adresser ?

Le prétendu Pierre III[2] commence à faire du bruit dans le monde, mais il n’en fera pas longtemps ; il ressemblera aux ouvrages nouveaux. On rapporte lundi l’affaire des Sirven.

6955. — À M. L’ABBÉ COGER[3].
27 juillet.

Vous êtes bien à plaindre, monsieur, de vous acharner à calomnier des citoyens et des académiciens que vous ne pouvez connaître.

  1. Voyez tome IX.
  2. Plusieurs imposteurs ont pris le nom de Pierre III : le seul célèbre est Pugatschef, qui fut mis à mort en 1775 ; voyez les lettres de Catherine à Voltaire des 22 octobre-2 novembre 1774, et du 29 décembre 1774-9 janvier 1775.
  3. Voyez tome XXI, page 357.