uns contre les autres. Nous sommes plus unis que la Sorbonne. Tous les étrangers sont très-fâchés que cette faculté de grands hommes ait supprimé sa censure : elle aurait édifié l’Europe, et mis le comble à sa gloire.
J’ai reçu les belles pièces de théâtre[1] qu’on m’a envoyées depuis peu ; c’est Racine et Molière tout pur. Il y a quelque temps que l’on m’adressa un livre intitulé le Siècle de Louis XV[2]. Les principaux personnages du siècle sont trois joueurs d’orgues et deux apothicaires. Il manquait à ce siècle l’ouvrage que la Sorbonne annonçait ; mais j’ose espérer que nous verrons ce chef-d’œuvre. Je ne peux concevoir comme on a permis en France l’impression du livre de du Laurens, intitulé l’Ingénu[3]. Cela me passe.
Je finis, car j’ai la fièvre. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
J’ai fait prier, monseigneur, notre résident de passer chez moi. Je vous avais prévenu que je n’allais plus à Genève ; et d’ailleurs quand l’entrée de cette ville serait permise aux Français, l’état où je suis ne me permettrait pas de sortir.
Nous avons eu une longue conférence ; et le résultat a été que, la première fois qu’il aurait l’honneur de vous écrire, il ne manquerait pas de vous rendre ce qu’il vous doit ; voilà ce qu’il m’a dit en présence de ma nièce. Je reçus, sous votre enveloppe, hier au soir, une lettre pour Galien, et je la lui ai envoyée de grand matin.
Voici une très-grande partie des frais qui restent à payer pour lui. Comme la somme montera à près de huit cents livres, indépendamment de ce que vous avez déjà bien voulu donner, et de quantité de menus frais qui n’entrent pas en ligne de compte, je
- ↑ Hirza et Guillaume Tell : voyez lettre 7000.
- ↑ D’Aquin de Châteaulyon (à qui est adressée la lettre 5683, voyez tome XLIII. page 248), est auteur de Lettres sur les hommes célèbres dans les sciences, la littérature et les arts, sous le règne de Louis XV, 1752, deux parties in-12, qu’on reproduisit (sans les avoir réimprimées) sous le titre de Siècle littéraire de Louis XV, 1754, deux parties in-12. Les deux organistes d’Aquin, le père de l’auteur, et Calvière, sont appelés des génies rares ; mais on n’y parle pas d’apothicaires. (B.)
- ↑ Voyez une note sur la lettre 6968.
