Quoique vous ne soyez qu’un excommunié, mon divin ange, vous voyez bien pourtant que je brave les foudres de Rome pour vous écrire. Votre prince et ses ministres sont bien honteux, comme je le présume[2].
Voici une petite pièce qui court dans Lyon[3]. Irez-vous croire encore que cela est de moi ? vous seriez bien loin de compte. L’auteur[4] de la Lettre au docteur Pansophe, de l’Ode contre les belligérants, du Catéchumène, etc., est un plaisant plus goguenard que moi, et je ne veux pas payer pour lui.
Mme Denis va vous voir avec M. et Mme Dupuits. Leur voyage est nécessaire ; que ne puis-je en être !… Mais…
Pour Dieu, comment se porte Mme d’Argental ?
Vous êtes fort comme Samson, mon cher ami ! Vous triomphez de tout. Vous me faites aimer Samson plus que je ne croyais[5]. Je suis plus faible que lui, et n’ai pas plus de cheveux. Je regrette plus Mme Denis qu’il ne regrettait Dalila ; mais son voyage à Paris était absolument nécessaire. C’est elle qui va combattre pour moi contre les Philistins ; et d’ailleurs nos affaires, abandonnées depuis longtemps, étaient absolument délabrées ; elle a pris son parti courageusement ; elle aura la consolation de vous voir, et moi du moins j’aurai celle de voir Eudoxie. Je vous avertis d’avance que j’en attends beaucoup. Vous aurez plus tôt fait cinq bons actes que vous n’aurez trouvé des acteurs.
Mon Dieu, que vous êtes aimable ! que vous êtes essentiel ! que je vous suis obligé d’avoir parlé à M. de Sartines comme vous avez fait ! Il aura bientôt de mes nouvelles, et vous aussi, et le cher Marin aussi.