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Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/51

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qu’il y a de l’opiniatreté des deux côtés, mais cela prouve auſſi qu’il y a de part & d’autre beaucoup d’eſprit, beaucoup de lumieres, une grande ſagacité à interpréter les Loix dans des ſens différents ; & c’eſt alors qu’il faut néceſſairement des arbitres qui éclairciſſent les loix conteſtées, qui les changent s’il eſt néceſſaire, & qui préviennent des changements nouveaux autant qu’il eſt poſſible. On a dit mille fois que l’autorité veut toujours croître, & le peuple toujours ſe plaindre ; qu’il ne faut ni céder à toutes ſes Répréſentations, ni les rejetter toutes ; qu’il faut un frein à l’autorité & à la liberté ; qu’on doit tenir la balance égale ;

de diſcorde qui la partage. Votre diviſion ne vous afflige que parce que vous méconnoiſſés votre bonheur, & le principe de votre sûreté. Les Licurgue, les Solon, les Charondas & tant d’autres en donnant des loix aux hommes, ſe ſont appliqués à leur inſpirer des ſentimens d’union & de paix : ç’a été le but de leur légiſlation. Avec toute la fineſſe de leurs vues ils ſe ſont trompés, & vous vous trompés après eux. Votre humanité, votre zele, votre amour de la Patrie cherchent à éteindre le feu qui la conſume ; au contraire ſi vous aimés votre bien, donnés à ce feu de l’aliment : vous craignés que de plus longues conteſtations ne deviennent pernicieuſes à la ſanté de l’Etat ; l’on vous dit qu’elles aſſurent ſa conſervation, & à vos familles le repos & la félicité. Euſſiéz-vous deviné, Mrs. qu’un ſi grand