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Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/71

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dialogues philosophiques

était le Dieu des armées. Il leur ouvrit ensuite le fond de la mer, suspendit les eaux à droite et à gauche pour les faire passer à pied sec, faute de bateaux. Il les conduisit ensuite dans un désert où ils moururent tous ; mais il eut grand soin de la seconde génération. C’est pour elle qu’il faisait tomber les murs des villes au son d’un cornet à bouquin, et par le ministère d’une cabaretière. C’est pour ses chers Juifs qu’il arrêtait le soleil et la lune en plein midi, afin de leur donner le temps d’égorger leurs ennemis plus à leur aise. Il aimait tant ce cher peuple qu’il le rendit esclave des autres peuples, qu’il l’est même encore aujourd’hui. Mais, voyez-vous, tout cela n’est qu’un type, une ombre, une figure, une prophétie, qui annonçait les aventures de notre Seigneur Jésus, Dieu juif, fils de Dieu le père, fils de Marie, fils de Dieu pigeon qui procède de lui, et de plus ayant un père putatif.

Admirez, sacrée majesté, la profondeur de notre divine religion. Notre Dieu pendu, étant juif, a été prédit par tous les prophètes juifs.

Votre sacrée majesté doit savoir que, chez ce peuple divin, il y avait des hommes divins qui connaissaient l’avenir mieux que vous ne savez ce qui se passe dans Pékin. Ces gens-là n’avaient qu’à jouer de la harpe, et aussitôt tous les futurs contingents se présentaient à leur yeux. Un prophète, nommé Isaïe, coucha, par l’ordre du Seigneur, avec une femme : il en eut un fils, et ce fils était notre Seigneur Jésus-Christ ; car il s’appelait Maher Sahal-has-bas, par-