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Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/11

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Cela pouvait durer longtemps : cela dura plus de deux ans, du 15 juillet 1867 au 13 septembre 1869 — bien que la vérité fût sortie de son puits dès le 12 avril de cette dernière année.

À cette date en effet, un astronome de l’Observatoire de Paris, M. Breton, démontra à l’Institut, textes en main, que seize des notes de Pascal et deux fragments d’une lettre de Galilée publiés dans les Comptes rendus étaient littéralement tirés d’un ouvrage d’Alexandre Savérien, Histoire des Philosophes modernes, paru en 1761.

Preuve décisive ? Allons donc ! M. Chasles ne fut pas démonté pour si peu et, huit jours plus tard, produisit une lettre de ce Savérien à la marquise de Pompadour, prouvant clair comme le jour que celle-ci lui avait communiqué des lettres autographes de Copernic, Galilée, Descartes, Gassendi, Pascal, Newton et par conséquent que c’était lui, Savérien, le plagiaire !

Tout de même c’était un peu fort et à la suite de cette nouvelle communication, fort opportune en vérité, M. Le Verrier s’offrit à faire la preuve de la fausseté des autographes fournis par Michel Chasles.

En juin-juillet, il les critiqua à fond, révéla de nombreux extraits tirés textuellement d’œuvres de Thomas, Voltaire, Savérien, Gerdil, Chauffepié et montra scientifiquement les invraisemblables anachronismes contenus dans les lettres publiées par Chasles. Fort à propos, l’expertise faite à Florence d’une des lettres de Galilée vint appuyer sa démonstration, en prouvant à n’en point douter la fausseté du document.

M. Chasles était au-dessus de tout soupçon. L’auteur des falsifications était donc l’homme qui lui avait vendu les