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Page:Wagner - Dix Écrits, 1898.djvu/160

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DIX ÉCRITS DE RICHARD WAGNER

quelque indice qui pût me faire découvrir la demeure de mon malheureux ami. Je pris des informations dans tous les endroits qui avaient avec la musique un rapport quelconque ; je ne pus trouver nulle part le moindre renseignement. Ce ne fut que dans les antichambres révérées de l’Opéra que les employés subalternes se rappelèrent une triste apparition, une sorte de fantôme lamentable qui s’était montré souvent, attendant qu’on lui accordât une audience, et dont naturellement on n’avait jamais su le nom ni la demeure. Toutes les autres voies, celles même de la police, ne purent me remettre sur sa trace. Les gardiens même de la sûreté publique n’avaient pas jugé à propos de s’occuper du plus misérable des hommes.

J’étais tombé dans le désespoir. Un matin, — c’était environ deux mois après la rencontre des Champs-Élysées, — je reçus par voie indirecte une lettre que m’avait fait tenir une personne de connaissance. Je l’ouvris avec un triste pressentiment, et j’y lus ce peu de mots : « Mon cher, viens me voir mourir ! » L’adresse qui s’y trouvait jointe indiquait une étroite ruelle à Montmartre.

Je ne pus pleurer, et m’en fus gravir les pentes de Montmartre. J’arrivai, en suivant les indications de l’adresse, à une de ces maisons de pitoyable apparence comme il s’en trouve dans les rues latérales de cette petite ville. Cette