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Page:Wagner - Dix Écrits, 1898.djvu/189

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LE FREISCHÜTZ

la gorge. La fonte des balles commence. Les puissances des ténèbres éternelles sont évoquées ; bientôt s’accomplit ce que le jeune homme avait pressenti lors de sa première visite à la Vallée aux Loups. Tout ce qui l’entoure s’anime par degrés ; des milliers de corps se dressent, étendant leurs bras vers lui ; l’ouragan mugit ; les hurlements des airs forment un concert infernal ; des visions, comme jamais il ne s’en est montré aux regards d’un mortel, surgissent de la gorge ; enfin la chasse sauvage passe au-dessus de leur tête : éperdu, le chasseur tombe sans connaissance, la face contre terre.

Cette nuit-là, sept balles furent fondues, balles fatales que Samiel a enchantées, et auxquelles il a communiqué la vertu d’atteindre infailliblement le but qu’on leur assignera. Toutefois, sur les sept balles, il s’en est réservé une à laquelle il peut donner telle direction qu’il lui plaira. Les deux chasseurs se partagent les sept balles par moitiés inégales : quatre sont échues au plus jeune. On se prépare au tir ; le prince qui s’y trouve présent veut d’abord mettre à l’épreuve le fiancé, il lui ordonne de montrer son adresse au tir ; et pour se produire avec avantage, et donner une bonne idée de son talent, le jeune homme a naturellement recours à ses balles-franches : et en effet elles portent toutes sans manquer d’une ligne, si éloigné que soit le but. De cette façon sa provision de balles enchantées s’est