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Page:Wagner - Dix Écrits, 1898.djvu/194

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DIX ÉCRITS DE RICHARD WAGNER

à tout ce qui fait le charme de la vie parisienne, alors vous ne comprendrez pas le Freischütz, et pourtant vous voulez le comprendre, vous voulez l’entendre et le voir tel qu’il est ; c’est fort bien, et c’est toute justice, car vous en agissez de même avec le Fidèle Berger. Mais l’Académie royale de musique a ses exigences auxquelles notre pauvre Freischütz ne saurait satisfaire dans sa forme primitive. Il est écrit : Ici on dansera, et dans la pièce allemande il n’y a pas de ballet, il n’y a que des jeunes gens qui font valser leurs belles. De plus, il est écrit : Vous ne parlerez pas, et il y a un dialogue d’une naïveté excessive. Il faudra donc faire danser tout le monde et l’empêcher de parler ! Il y aurait bien un moyen plus simple de se tirer d’embarras : ce serait de faire exception à la règle, en faveur de l’admirable partition. Mais ce moyen, vous ne l’emploierez pas, car vous n’êtes libres que là où vous voulez l’être, et malheureusement ici vous ne le voulez pas. Vous avez entendu parler de la Vallée aux Loups, et du diable, et aussitôt les machines de l’Opéra vous sont venues à l’esprit ; le reste n’est rien. Il vous fallait un ballet et un récitatif, et vous avez choisi un de vos compositeurs les plus originaux pour vous en faire la musique. Cela vous fait honneur, cela prouve que vous savez apprécier dignement notre chef-d’œuvre. Parmi tous les compositeurs français de nos jours, je n’en connais pas qui comprit aussi