Aller au contenu

Page:Wagner - Dix Écrits, 1898.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
DIX ÉCRITS DE RICHARD WAGNER

rettes exécutées pour les masses, sans la participation de la classe aristocratique, et conformes à leurs mœurs simples et franches. Ces opérettes ont évidemment plus d’un point de rapport avec l’ancien opéra-comique français. Le sujet appartenait ordinairement aux traditions et aux mœurs des classes inférieures ; ils étaient du genre comique pour la plupart, et animés d’un esprit naturel et sans recherche. C’est à Vienne qu’il faut placer le foyer originel de ce genre de spectacle ; du reste, c’est à Vienne que s’est le mieux conservé de tout temps le vrai caractère populaire, privilège que cette ville doit sans doute à l’esprit de naïveté et de gaieté de ses habitants ; car ceux-ci ont toujours été séduits avant tout par le côté comique des choses et par les traits naturels qui s’alliaient avec leur imagination enjouée. C’est donc Vienne qui a le plus encouragé les débuts de l’opéra populaire. D’abord les compositeurs de ces petits opéras se bornaient à des lieder et à des ariettes détachées ; mais on y trouve pourtant quelquefois, comme dans la charmante comédie du Barbier de village, des morceaux caractéristiques tout à fait propres à donner plus tard une importance réelle à ce genre spécial sacrifié presque absolument à l’envahissement du grand opéra. Avant cette commune fusion il était déjà parvenu pourtant à un certain degré d’éclat ; et une chose digne de remarque, c’est qu’à la même époque où Mozart