Page:Wagner - Sur les Poèmes symphoniques de Franz Liszt, 1904, trad. Calvocoressi.djvu/29

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Mais, à considérer les ouvertures de Beethoven, nous verrons que les grands maîtres qui suivirent Gluck souffrirent d’une telle contrainte. Ici le compositeur sentait combien plus riche et plus vaste était la puissance expressive de sa musique ; il se savait capable de réaliser le développement de son idée : les grandes ouvertures de Léonore en sont la preuve. Si l’on veut approfondir cette question, que l’on voie, dans ces ouvertures, combien la nécessité de s’assujettir à la forme traditionnelle devait être funeste au maître. Qui par exemple de ceux qui sont en mesure d’apprécier une si belle œuvre ne me donnera raison, si je dis que la répétition du début, survenant après la partie du milieu, est une faiblesse qui a pour conséquence de dénaturer la pensée de l’œuvre au point de la rendre incompréhensible ? Et cela est d’autant plus frappant que dans les autres parties, et notamment dans le finale, il est évident que le maître n’avait en vue que le seul développement dramatique. Or, celui dont l’esprit est assez impartial, assez lucide pour faire une telle constatation, ne peut que reconnaître que le seul moyen d’éviter un aussi fâcheux état de choses eût été de renoncer nettement à ladite répétition. Mais