Aller au contenu

Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
ACTE PREMIER


YSEULT,
se soulevant et lançant autour d’elle un regard plein de trouble.

Qui me fait cette injure ? —
Brangaine es-tu là ? — Dis, où sommes-nous ?

BRANGAINE,
à l’ouverture de la tente.


Au couchaut, l’horizon s’élargit et s’azure ;
Leste et léger, il s’envole sur l’eau,
Le rapide vaisseau ;
Avant la fin du jour, nous serons au rivage…

YSEULT,
avec une profonde angoisse.

Où donc ?

BRANGAINE.

Où donc ? En Cornouaille, où Marke est roi !

YSEULT.

Où donc ? Non, jamais ! plutôt le naufrage !

BRANGAINE,
laisse tomber le pan de la tente et court toute émue vers Yseult.

Qu’entends-je ?… Qu’est-ce ?… Quoi ?

YSEULT

Ô faible cœur ! ô fille abâtardie ! —
Où donc, ma mère, où donc est ton pouvoir
De déchaîner la tempête en furie ?
Le mien se borne, — ô frivole savoir ! —
À composer des philtres et des charmes.
Révèle-moi, magie : art souverain !
Révèle-moi ta force et prête-moi tes armes !
Viens ! vent du Nord, la terreur du marin,
Viens sonner dans les airs tes fanfares sauvages !