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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/41

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ACTE DEUXIÈME


YSEULT.

Prenez garde à Mélot ! Ta prudence s’égare,
Mélot est notre ami ;
Et mon héros a confiance en lui.
Lorsque tout nous sépare,
C’est à lui seul qu’il peut parler de moi.

BRANGAINE.

Ce qui le fend suspect, te donne confiance,
Il jette dans l’esprit et dans l’âme du roi
De mauvaise semence.
Cette chasse au flambeau, cette chasse de nuit
Est une ruse infâme !
C’est un noble gibier, ô trop aveugle femme
Que le royal chasseur poursuit.

YSEULT.

Mélot lui-même inventa cette ruse,
Afin de servir nos amours. —
Et voilà celui qu’on accuse !
Cœur généreux, il nous prête un secours,
Hélas ! que le tien nous refuse. —
Épargne-moi de vains discours ;
Fais-lui signe, de grâce, obéis, ô Brangaine,
Éteins cette torche, éteins ce flambeau ;
Que la nuit m’enveloppe et règne en souveraine.
Déjà sur la nature elle étend son manteau,
Son ombre emplit mon cœur des rêves de l’attente :
Éteins cette flamme insolente ;
Qu’elle n’arrête plus les pas
De l’ami qui me tend les bras.

BRANGAINE.

De grâce, ne l’exige pas,
Laisse briller le phare tutélaire ! —