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ACTE DEUXIÈME


TRISTAN.

Tristan, pour toujours, est à toi !
Yseult, pour jamais, est à moi ! —

YSEULT.

Si loin de toi, que l’heure est lente !

TRISTAN.

Si loin de toi, pourtant si près !

YSEULT.

Cruelle angoisse, longue attente,
Qui semblait ne finir jamais !

TRISTAN.

Ô joie ardente, ô poignante souffrance,
Doux revoir, triste absence !

YSEULT.

Ce feu maudit t’exilait de mes bras !

TRISTAN.

Ce feu ! ce feu ! que tu m’appris à craindre,
Qu’il fut long, hélas à s’éteindre ! —
Le soleil disparut, le jour n’abdiqua pas,
Mais, descendant de la voûte céleste,
Il embrasa, de sa flamme funeste,
La torche veillant à ton seuil,
Comme un phare au bord d’un écueil.

YSEULT.

Mais Yseult a bravé l’arrêt qui nous sépare ;
Dédaignant les conseils que lui dictait l’effroi,