Aller au contenu

Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
ACTE DEUXIÈME

De m’abîmer dans cette ombre céleste,
Où l’amour me sourit.

Tristan conduit doucement Yseult vers un banc de gazon ; il tombe à ses genoux et pose la tête dans les bras de sa bien-aimée.


TOUS DEUX.

Ô nuit sereine, ô nuit profonde,
Viens, arrache-nous au monde
Et recueille-nous, tous deux,
Dans ton sein mystérieux ;
Emporte, dans tes vagues noires,
Les mirages de nos yeux,
Les fantômes illusoires.
Nuit auguste, nuit d’amour,
Étouffe, pour jamais, l’éclat trompeur du jour !
Étends ton ombre, éteins les flammes
Des vastes plaines de l’azur ;
Confonds nos coeurs, confonds nos âmes,
Au sein sacré du gouffre obscur. —
Cœur à cœur et lèvre à lèvre,
Berce-nous dans, notre amour,
Et viens calmer l’ardente fièvre
Dont m’embrasa l’astre du jour.
Que jamais ton cours ne s’achève
Et, triomphante du soleil,
Viens, d’un désir sans trêve,
Faire éclore le rêve ;
Plonge-nous dans un doux sommeil,
Sans fin, sans trouble et sans réveil !

Ils se perdent dans leur extase.


BRANGAINE,
invisible et du haut de la plate-forme.

Seule ici, pour vous je veille,