Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/182

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Où nous caresserons nos lèvres endormies…
Ce soir-là, ce soir-là, je saurai bien des choses…
Je ne te plaindrai plus de n’avoir pas de roses…
Je comprendrai la joie du phalène qui meurt…
Alors nous éteindrons la lampe avec douceur.

(La Chambre blanche.)

SOIRS

Il y a de grands soirs où les villages meurent —
Après que les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l’heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher…
Alors, pour les veiller, des lumières s’allument,
Vieilles petites lumières de bonnes sœurs,
Et deslanternes passent, là-bas dans la brume…
Au loin le chemin gris chemine avec douceur…
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées,
Pour écouter mourir leur village d’antan,
Car elles savent que c’est là qu’elles sont nées…
Puis les lumières s’éteignent, cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l’âme,
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.

(La Chambre blanche. )

JE PORTE PARFOIS…

Je porte parfois toutes les douleurs humaines,
Celles des veuves, celles des malades, celles des orphelins,
De ceux qui pleurent et de ceux qui ne disent rien…
Je les sens silencieuses en moi ; elles vont et viennent,
Comme les passants, et mon âme ne leur peut rien dire
Pas plus qu’aux passants dans les rues…
Cependant je les sens qui vivent, marchent, respirent,
Et je sais que tout à l’heure elles seront disparues.
Ces jours-là je comprends des choses que je ne comprenais pas.