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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/208

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LA VEILLÉE

La nuit appelle les lumières…
Les vieux branlottent du menton
Et longent les murs des chaumières
En s’appuyant sur leurs bâtons.

Avant le coucher, on voisine ;
Barbes blanches, larges bonnets,
Autour de l’antique chaline
Se rapprochent un tantinet.

Le récit des vieilles s’embrouille
Avec le fil de leurs fuseaux.
Les filles filent leurs quenouilles
Ou bercent les petits berceaux.

Et dans la clarté qui les baigne,
D’autres chantonnent à mi-voix
En égrésillant des châtaignes
Debout, du bout de leurs gros doigts.

Le laboureur tend vers la flamme
L’inoccupance de ses mains,
Tandis que, sereine, son âme
Se confie en les lendemains.

Il est des soirs où les poutrelles
Résonnent de rires joyeux,
Secouant sur leurs escabelles
Les gars, les filles et les vieux.

C’est la gaîté de La Fontaine,
C’est le rire de Rabelais
Qui vibrent ainsi dans nos plaines
Au cœur du paysan français.

Et chacun avec sa chacune
S’en retournant à son logis,
Croit voir, dans un rayon de lune,
Passer au travers des taillis

La jument du compère Pierre,
Meneurs de loups et mécréants,