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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/279

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N’est-il pas dans le cœur fermé de l’hypocrite
Plns d’orgueil véritable et plus de dignité…
Pourquoi, puisque chacun sous un masque s’abrite,
Prodiguer le trésor de ma sincérité ?…

Qu’importe ! J’aime mieux montrer mon vrai visage,
Sa tristesse, les plis de la peau, sa laideur,
J’aime mieux mettre a nu, malgré son esclavage,
Sa fadeur, ses désirs et ses tares, mon cœur…

Si jusqu’aux buts secrets l’on s’applique à descendre,
Si l’on trie avec soin ses plus chers sentiments,
De même pour un feu brûlant depuis longtemps
Qui, bien que rouge encor, n’est plus qu’un tns de cendres..

On s’étonne de voir que ces éclats brillants,
Ces pensées oui semblaient faire de la lumière,
Ne sont à l’examen d’un regard clairvoyant
Que de pauvrcs débris, une triste poussière…

Ah ! parler est un peu salir ce que l’on aime !
Mais sans l’élan qui fait que l’on se donne à tous,
Sans ce frémissement de nos nerfs, de nous-mêmes,
Sans ce cri déchirant, au fond, que valons-nous ?…

Rien en moi n’est sacré, j’ai déchiré le voile.
Que l’homme vertueux se détourne de moi !
Je vois dans mon ciel pauvre et presque sans étoile
Un vrai morceau de bleu pour la première fois…

Gouttes de vérité qui tombez de nos âmes,
Mouvement spontané qui nous pousse aux aveux,
Libre don de soi-même aussi chaud que la flamme,
Vous êtes à jamais l’idéal que je veux.

Je parlerai tout haut sans respect et sans honte,
Ayant passé le temps enfantin du remords…
Je sais qu’il n’est d’amour que l’amour qu’on raconte,
Et que seul le silence a le goût de la mort…

(Les Lèvres et le Secret.)