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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/401

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Très digne, la main droite aux godrons de sa fraise,
Sur le seuil de l’uuberge, un hôtelier obèse
Accueille d’un salut profond l’hôte inconnu.

Dans le houblon qui grimpe au long d’une lézarde,
Repoussant un volet branlant de son bras nu,
Sous le toit, une fille aux cheveux d’or regardé.

(L’Enchantée.)

LA ROUTE

FRAGMENT

Oh ! la route est étrange le soir.
Ses détours incertains par les terres,
Sa blancheur qui se tord dans le noir,
Semblent nous menacer d’un mystère.

D’où vient-elle ? où va-t-elle si tard ?
Et qui sait l’ennui qui nous guette
De derrière les halliers hagards
Où s’enfonce la route inquiète ?

Mais voici qu’on distingue des pas,
Quelqu’un fait craquer les feuilles mortes…
Qui es-tu, toi que l’on n’attend pas,
Et qui viens quand on ferme les portes ?

Il approche, il porte de la nuit
Dans les plis de ses vêtements sombres ;
On dirait le berger qui conduit
La bande vagabonde des ombres.

C’est peut-être quelque hôte mauvais
Qui nous vient de la part des ténèbres,
Peut-être le messager qui sait
La nouvelle inconnue et funèbre.

Il passe outre ; il s’éloigne. Le chien
Le harcèle un moment sur la route
Et revient en grondant. Puis plus rien
Que l’ombre qui grossit. Et j’écoute,

Dans la nuit frissonnante de peur,
Comme un pas de quelqu’un qui chemine.