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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/409

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D’où le rideau des bois dérobe à tous les yeux
La gloire, la douleur et le secret des Dieux.

(Noa Noa’.)

LE DERNIER IMÉNÉ

A l’ombre du manguier colossal, à mi-voix,
Adressant leurs regards à l’orient des eaux,
Dolentes d’avenir et fières d’autrefois,
Tandis que leurs amants jouaient sur les roseaux
Assemblés du vivo des airs dolents et fiers,
Les amantes ont dit l’hymne d’espoir amer.

Quand toutes les chansons seront chantées,
Tous les baisers bus, déçus tous les vœux,
Quand les jardins clairs de l’Ile enchantée.
Ne fleuriront plus parmi nos cheveux,

Quand auront fini l’ombre et la lumière,
Sur nos fronts leurs jeux légers et joyeux,
Kt quand le dernier avec la dernière
Auront au soleil fermé leurs doux yeux,

Endormis dans la terre maternelle,
Nous ne connaîtrons pas d’autres destins :
Nos corps seront tous confondus en elle,
En elle nos cœurs ù jamais éteints.

Mais des ardeurs anciennes de nos urnes
Un vaste foyer s’allumant soudain
Illuminera d’un halo de flammes
La Terre des Dieux, l’Ile des Jardins.

Puis, l’Esprit de la merveille déserte,
Epave d’aurore en la nuit du temps,
L’empoignant par sa chevelure verte, • ,
La lancera dans les cieux éclatants.

Et les cieux loueront la nouvelle étoile
Aux trois feux d’or, d’émeraude et d’azur.
Toutes les ailes et toutes les voiles
S’orienteront à son nimbe pur.

i. Noa Noa ; odorant ; l’esprit parfumé de l’Ile Heureuse (Tahiti).