Page:Walch - Poètes d’hier et d’aujourd’hui, 1916.djvu/117

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MICHEL JOUIFKF.T 10& FIAT LUX Le philosophe a dit au soleil orgueilleux, Qu'il fixe du regard sans baisser la paupière : — soleil, ne sois pas si fier de ta Lumière, Elle n'existe plus, si je ferme les yeux. Qu'est-elle, hors de moi? Comme les eaux tranquilles Se rident sous le vent, ainsi vibre l'éther : Ce n'est qu'une onde, un flot de cette immense mer Sans rivages, dont les étoiles sont les îles. Et quand tu disparais le soir sous l'horizon. Quand tu sombres, comme un vaisseau qui fait naufrage Lorsque s'évanouit l'éblouissant mirage Rêvé par mon esprit, nié par ma raison, Soleil, que deviens-tu? Ton front se décolore, Tu palis, spectre noir, fantôme aérien ; Petit fourmillement d'atomes, tu n'es rien; Je fais ton crépuscule, et je fais ton aurore. J'éclaire le rayon que mon cerveau reçoit. C'est mon esprit qui met sur ton front l'auréole. Sans crainte d'usurper la divine parole, Je puis dire à mon tour : Que la lumière soit ! (Poèmes Idéalistes.) ATLAS Atlas, pliant les reins et courbant les épaules. Soutenait l'Univers fixe sur ses deux pôles. Il gémissait. Pourquoi gémir? Es-tu donc las ? Ton labeur est le mien, et je ne pleure pas. Et je marche debout, comme il sied à l'athlète, Levant au ciel mes yeux où le ciel se reflète. L'Univers est en moi. Les brillantes couleurs, La lumière du jour et le parfum des fleurs,