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Page:Walch - Poètes d’hier et d’aujourd’hui, 1916.djvu/479

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Chevauchant la folie et l’ivresse des vagues :
Les gouttes d’eau chargeaient leurs doigts comme des bagues,
Leur chevelure ailée, offerte au vent des mers,
Buvait l’odeur des sels et des goémons verts.
Les algues fleurissaient la carène exultante :
Les voiles se gonflaient du désir de l’attente,
Semblables à des seins tout palpitants d’amour ;
Sur elles les baisers magnifiques du jour
Mettaient comme un frisson d’allégresses divines.
— Parfois un cri venu des lointaines collines
Où les pâtres, couverts de vêtements de peaux,
Promènent la langueur agreste des troupeaux,
Saluaient la splendeur de la course nautique.
Et le chêne, toujours, le chêne prophétique,
Que le sol de Dodone avait jadis nourri,
D’un hymne enthousiaste et fort, jamais tari,
Clamait sur la mer saint.’, en face des étoiles,
Parmi les baisers fous que se donnaient les voiles,
L’illumination du but religieux…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

(Les Triomphes.)

LES LAMENTATIONS DU CHRIST

FRAGMENT : CHRIST IMPLORE


Ne comprenez-vous point tout mon amour de feu,
Vaste comme l’azur auguste du ciel bleu,
Inaltérable et saint, immortel et céleste!
Vous êtes mon espoir et vous êtes mon vœu ;
Mes bien-aimés, sans vous que m’importe le reste!
Le reste ici n’est rien, votre bonheur ôté;
Pas même l’existence au sein de la beauté
               Lumineuse du Père.
Sans vous le ciel est vide, atroce et sans clarté!
Sans vous je me lamente et je me désespère!
Oh ! ma gloire n’est rien au fond du ciel jaloux,
S’il me faut à jamais la goûter loin de vous!
Tout ce que vous souffrez dans la torpeur du gouffre,