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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/117

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« Prêt gratuit, escompte gratuit, crédit gratuit, etc,, etc. Et voilà pourquoi votre fille est muette. »

Ah ça ! Monsieur Proudhon, pour quel triple sot me prenez-vous donc, moi lecteur ? Et vous pensiez qu’il suffirait de me délayer cette jonglerie de mots dans votre galimatias !…

Croirait-on bien qu’en 1848 et 1849 cette théorie du crédit gratuit n’ait su conquérir à son auteur les sympathies ni de l’Église ni des socialistes ? L’Église eut le plus grand tort assurément : M. Proudhon se donnait la peine de défendre la tradition catholique. Mais les socialistes surtout sont inexcusables. Chose étrange ! Ils n’ouvrirent pas les bras à M. Proudhon ! Ils le devaient cependant au dire de celui-ci.

Qu’est-ce en effet que la réciprocité du crédit, sinon la commandite du travail substituée à la commandite du capital ?

Et qu’est-ce un peu, dites-moi, que la commandite du travail substituée à la commandite du capital ? Qui potest capere capiat : comprenne qui pourra. Substituer la commandite du travail à la commandite du capital, ne serait-ce pas offrir à manger aux gens qui ont soif ? Si je suis travailleur et si je manque d’instruments, de quoi ai-je affaire d’être commandité sinon d’instruments ou de capital ? Voilà sans doute ce que se seront dit les socialistes : ils ne sont pas si fous qu’on veut bien le dire.

Mais quoi ! Les dédains de l’Église et l’ingratitude des socialistes ont bien pu déchirer le cœur de M. Proudhon ; ils n’ont point ébranlé ses convictions. Ne faut-il pas qu’elles soient robustes pour qu’il ajoute :