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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/167

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silence à l’une et à l’autre en disant : — n’importe !

Comment, n’importe ? Il importe essentiellement, ne vous en déplaise. Et je me permettrai de vous dire à mon tour que, dans tous les cas, qu’il importe ou non, la plus simple pudeur défend de se conspuer ainsi soi-même, et que la plus vulgaire probité scientifique exige que l’on ne fasse point d’énormes concessions à la paresse aux dépens de la vérité.

…On accorde que le propriétaire terrien pouvait s’emparer de ce qui n’était occupé, en apparence, par personne.

On, c’est toujours M. Proudhon. C’est vous seul qui accordez cela. Et certes, il y a tout lieu de croire que si l’on accorde que le propriétaire terrien pouvait s’emparer de la terre, c’est que l’on serait fort embarrassé d’expliquer ce que récèle l’insidieux en apparence, de dire en quoi la terre était occupée en réalité par quelqu’un, de refuser, en un mot, au propriétaire terrien ce qu’on lui accorde. Je ne me dispense, moi d’aucun travail pénible, je n’accorde rien, et j’entends soumettre à la juridiction du droit naturel et du droit social, l’acte par lequel le propriétaire terrien s’est emparé de la terre. Je considère l’appropriation comme un fait moral, ressortant de la justice comme toute autre manifestation de la personnalité responsable de l’homme. Je veux savoir si l’appropriation de la terre par le propriétaire terrien est naturelle ou antinaturelle, la possession légitime ou illégitime, propriété sacrée ou vol flagrant.

Ce qu’on lui demande est de ne pas exiger ensuite de sa propriété, quand il la présente à l’échange, plus qu’elle ne vaut,…