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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/232

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et corrigée de la première théorie de la rente du même M. P.-J. Proudhon.

Tout à l’heure, suivant M. Proudhon, la rente était le fruit du travail et devait être sa récompense ; la rente ne se distinguait pas du salaire et appartenait au travailleur. À présent, au dire de M. Proudhon, la rente naît du triple concours du travail, de la nature et de la société ; elle appartient pour une part à la société, pour une part à la nature, pour une part au travailleur.

Mais notre auteur s’indigne, et proteste qu’on travestit son œuvre. On prend pour une théorie nouvelle ce qui n’est que le développement régulier de la théorie première. — En effet ! Tout à l’heure M. Proudhon, avec une imperturbable assurance, émettait ce principe sur lequel il voulait s’appuyer : — Point de richesse sans travail ; — et voici qu’à présent la nature crée de la richesse ; et c’est le nouveau principe dont nous allons partir ! La différence est minime et presque inappréciable, en vérité !

Il n’en faut point douter : la théorie change et se renouvelle, et se transforme bel et bien. Il n’y a qu’un seul point sur lequel M. Proudhon n’ait pas varié : c’est qu’il n’est pas très-sûr encore de l’existence de cette rente dont il nous aura donné bientôt deux théories opposées.

M. Proudhon est assurément le seul homme de France qui soit d’un esprit aussi inventif et d’une conscience scientifique assez indépendante du respect humain pour se réfuter lui-même sans plus de façons.