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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/4

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L’ÉCONOMIE POLITIQUE

tiens d’autant plus à la réfuter, que je puis y faire voir la source des erreurs que j’entreprends de signaler.

L’économie politique est une science. Qu’est-ce qu’une science ?

Il y a dans le monde deux ordres de manifestations réelles de la substance : des corps et des phénomènes, ou, si l’on veut, des êtres et des faits. On fait la science non point des corps, mais des phénomènes dont les corps sont le théâtre. Des faits, des lois, des rapports, voilà l’objet de la science.

En présence d’une série de faits individuels qui se ressemblent et qui diffèrent, l’esprit scientifique élimine toutes les qualités particulières à chacun de ces faits, il recueille les qualités communes à tous ou à plusieurs, et il en forme une espèce. En opérant sur un certain nombre d’espèces comme il a déjà opéré sur un certain nombre d’individus, l’esprit scientifique s’élève au genre. Et ainsi de suite.

Lorsqu’on est arrivé à la notion d’un genre irréductible, on a ce qu’on appelle un fait général. Les phénomènes ou faits généraux sont les abstractions irréductibles desquelles les phénomènes ou faits individuels sont des manifestations réelles. Exemples : la végétation, fait naturel ; la propriété, fait moral ; la civilisation, fait historique.

Toute science est la théorie d’un fait général. Il y a des sciences naturelles, des sciences morales, des sciences historiques.

Le fait général est universel et permanent : il peut