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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/58

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valeur d’échange et de l’échange. Quoi qu’il en soit, il a résolu la question de la distribution par cette formule : Égalité des conditions et des positions ; moi par cette autre formule : Égalité des conditions ; inégalité des positions. Il a donné ses raisons, moi les miennes ; que l’on juge entre nous. Et, toutefois, je tiens à ce que M. Proudhon soit déchiré par le regret d’avoir eu presque entre les mains le fil qui l’eût conduit à la vraie solution, sans avoir su le retenir.

En abordant son chapitre des Balances économiques, M. Proudhon juge à propos de se laisser aller à quelques récriminations contre la théorie de la justice divine, et il dit :

C’est elle qui produit ce système de privilèges, de monopoles, de concessions… où les biens du prince sont confondus avec ceux de la nation, la propriété individuelle avec la propriété collective.

La propriété individuelle avec la propriété collective, tout est là : ces quelques mots renferment l’idée la plus nette et la plus précise du problème social tel que j’ai tenté de le poser, et, si l’on s’en souvient, de le résoudre. Mais cette idée passe comme un éclair devant les yeux de M. Proudhon, quand sa thèse est établie ; puis elle s’efface et ne renaît plus. S’il avait pu songer à s’appesantir sur cette distinction, sans doute M. Proudhon n’eût pas manqué de chercher au moins, sinon de trouver, le moyen de concilier la propriété et la communauté, l’égalité et l’inégalité, la justice commutative et la justice distributive. N’est-il pas étonnant qu’ici, pour la première fois, M. Proudhon s’avise de signaler une propriété individuelle et une