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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/86

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salité qu’il y a entre ce principe et l’effet, quant au principe lui-même il est inattaquable.

Inattaquable du moins quant au fond ; car il ne l’est pas assurément dans les termes, comme on va voir.

D’abord, puisqu’on donne le nom de richesse sociale à l’ensemble des choses utiles qui ont une valeur d’échange, il est assez ridicule d’énoncer que le numéraire n’a de valeur qu’autant qu’il forme une fraction de la richesse du pays : il faut dire au contraire qu’il ne fait partie de la richesse du pays que parce qu’il a de la valeur.

Et pourquoi le numéraire a-t-il de la valeur ? Selon nous, parce qu’il est utile et rare ; selon M. Proudhon, parce qu’il coûte à produire. Il est urgent, en effet, de le rappeler à M. Proudhon lui-même qui semble l’oublier : selon lui le numéraire ne vaut que ce qu’il coûté à produire ; selon lui, l’or que recueille un mineur, en un jour, en lavant les sables d’alluvion de la Californie ne doit payer que le travail de la journée ; selon lui, 100 francs en or ne valent pas 100 francs, ils valent 5 francs, et ils ne devraient pas s’échanger, par exemple, contre 2501kg, mais contre 12kg,5 de pain. Pourquoi donc n’en est-il pas ainsi ? Assurément la valeur du numéraire n’est pas plus qu’une autre faussée par le monopole et l’arbitraire. Pourquoi 100 francs en or valent-ils ce qu’ils valent, et non pas ce que valent 5 francs. Je puis vous le dire : c’est que la théorie de M. Proudhon est radicalement inexacte.