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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/216

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hors de ma compétence. Je n’y connais rien. Ils sont réservés à des êtres qui possèdent, pour commencer, les vertus morales élémentaires. J’en parle au hasard. Et je ne suis même pas capable de me dire sincèrement que j’en parle au hasard.)


Début d’un conte italien. Un garçon secourt une malheureuse vieille. Elle remercie. « Puisses-tu épouser la princesse Belle du Monde ! » Il rentre chez lui et dit à son père : « Je pars chercher la princesse Belle du Monde ! Elle seule sera ma femme et aucune autre. » Il la demande au Grand Vent, qui dit « Je n’ai jamais entendu parler d’elle, mais je vais envoyer mes brises à sa recherche ».

On est sûr qu’il la trouvera, et qu’elle sera bien plus belle encore qu’il n’espérait.

Il s’agit du Bien.


Un cordonnier va épouser une princesse — qui s’est promise à lui parce qu’il l’a délivrée —. Elle lui a fixé le lieu du rendez-vous, et la date, qui s’étend sur trois jours. I] y va, mais raconte l’histoire là où il loge, et on lui donne un soporifique. Il arrive au lieu désigné et s’endort. Elle, venue en voiture magique, pleure, l’appelle, mais ne peut l’éveiller. Elle part en laissant un mouchoir brodé, mais un petit berger le vole. La même chose les deux jours suivants. Elle lui fait dire par le petit berger qu’elle l’attendra chez son père pendant sept ans. Il demande à un sage le chemin de ce château. Le sage dit : « Traversez cette forêt, c’est de l’autre côté. Mais vous n’arriverez probablement pas en sept fois sept ans. Tous ceux qui ont essayé sont morts, ou ont renoncé. » Le cordonnier va vers la forêt, se procure des haches, se met à tailler, car il n’y a aucun sentier. À mesure qu’il coupe, cela repousse plus vite, Il essaie ailleurs, ailleurs, ailleurs ; c’est toujours pareil. Pour fuir un lion, il monte sur un arbre ; de là, il voit une étendue immense de forêt. Il désespère. Mais il se rappelle la parole du sage « Traversez cette forêt ». Il lui vient à l’esprit d’aller de sommet d’arbre en sommet d’arbre.