Aller au contenu

Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à maturité, Dieu envoie la mort spirituelle. L’épi est alors enfoui dans la terre, enseveli, puis porte des fruits. Ou encore l’épi est broyé et transformé en pain. L’homme ne vit plus en soi, mais le Christ vit en lui ; sa chair est devenue la chair du Christ et les malheureux la mangent. Une vie humaine est ainsi comme une année. Tout ce qui précède l’ensemencement est labour.

À chaque coup du sort, se dire « je suis labouré ». À chaque peine petite ou grande.

Il faudrait en même temps que ces thèmes de méditation spirituelle donner en corrélation les notions de culture générale sur les transformations de l’énergie dans la croissance des plantes, dans la nourriture, dans le travail. Rapporter à cela un ensemble de connaissances élémentaires et essentielles d’astronomie, de mécanique, de physique, de chimie, de biologie, et rapporter le tout à la série des paraboles.

Cela suppose un cercle d’études.

Il faudrait des messes spéciales pour les membres de ce cercle d’études, le dimanche ou en semaine, avec pour évangile la parabole sur le grain correspondant au moment, pour ponctuer la suite des travaux.

Il faudrait un ordre dont les membres passent leur vie comme valets de ferme et fassent vivre ces cercles d’études. Laïques, mais qui prêcheraient à ces messes spéciales.

Il leur faudrait une culture générale très étendue.

En même temps qu’il est vrai en un sens que la chair, brûlée par le travail, passe dans le produit du travail, il est vrai aussi que le blé n’est pas produit par le travail. Le travail ne fait que préparer une partie des conditions indispensables. C’est le ciel même qui donne de sa substance, sous forme de lumière et d’eau, qui descend pour devenir épi.

Pendant le labour et les semailles, un thème de méditation à poursuivre aussi est : « Regardez les oiseaux du ciel qui ne labourent ni ne sèment. »

Ils ne labourent ni ne sèment, et ils ont à manger.

On peut labourer et semer, et mourir de faim.

Il n’y a aucune garantie.