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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/245

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Seule une obligation stricte de témoigner peut rendre légitime la rupture du secret.

Le secret doit être complètement gardé avant le rendez-vous. Après, c’est moins rigoureusement indispensable. Mais il doit l’être encore, sauf obligation.

Les vertus surnaturelles doivent toujours être implicites pendant un temps. Ceux, s’il y en a, chez qui elles restent implicites jusqu’à la mort sont peut-être les plus favorisés.


Conte albanais sur la princesse mariée à un serpent. Variante de Psyché. Les contes de cette espèce sont à diviser en deux variétés. Dans l’une, la princesse est Dieu, l’homme-animal est l’âme ; dans l’autre, c’est l’inverse. Les deux sont le plus souvent confondues dans un même conte. Ce conte est de la seconde variété. Le serpent est fils d’un roi du Monde d’en-dessous. Il a voulu venir sur terre et prendre la forme d’un prince merveilleusement beau. Mais il lui est défendu d’avoir cette forme sinon la nuit. Les belles-sœurs brûlent sa peau de serpent ; il doit disparaître. La princesse, pour le retrouver, s’en va au Monde d’en-dessous. Elle obtient l’autorisation de le ramener sur terre.

Elle doit passer devant une sorcière et demander de l’eau ; et, quelque liquide répugnant que la sorcière lui donne à boire, le boire et dire que c’est délicieux.

C’est l’amor fati.

Elle ne peut retrouver son époux que parce que parmi les cendres de la peau du serpent il reste une écaille intacte.

C’est le σύμϐολον du Banquet, la pantoufle de vair de Cendrillon, la boucle de la princesse dans le conte du cordonnier. Dieu, quand il est venu nous trouver et a disparu, nous laisse quelque chose de lui-même. Autrement la recherche serait vaine.

Le prince ne peut avoir la forme de prince que la nuit, pour son épouse. Autrement il est serpent. Voir l’histoire de l’Héraclès dans Hérodote. Dieu ne peut apparaître que déguisé.

Lors des substitutions de races à l’aube de l’humanité (ex. quand l’« homo sapiens » des paléontologistes