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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/251

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même sont accrochés les astres, soleil, lune, planètes, étoiles, comme les fruits d’un arbre. La racine de l’arbre est au-dessous de l’étoffe, au-dessous du monde. « L’arbre dont nul ne connaît la racine » (Edda poétique, runes d’Odin). Aïdès, l’Invisible, l’Accueillant universel, est auprès de la racine. Là aussi la source de la sagesse, à laquelle Odin a bu en donnant un œil en échange.

Cette représentation du monde doit remonter, comme la coupe ronde, comme |’« œuf du monde », aux premières navigations. La vue des plis mouvants de la mer peut seule, il me semble, suggérer une étoffe qui flotte.

Et à quand remontent les premières navigations ? mystère. Au néolithique ? Plus haut ?

L’étoffe flotte au gré du caprice des vents, mais elle est fixée à l’axe des pôles. Ses mouvements sont limités par cette attache et par sa grandeur.

Image de la combinaison de la limite et de l’illimité. Le vent qui fait flotter l’étoffe est l’illimité. C’est le principe dynamique du devenir.

Très, très belle image.

Zeus a fait cette étoffe grande et belle, et il l’a brodée, en l’honneur de ses noces. Sans doute avec Chtonia ? (qui doit être la matière première, vierge et mère, de Platon ?)

Cette étoffe est un cadeau d’amoureux, de fiancé. Elle a été brodée par amour. Elle a été tissée par amour.

Zeus tisserand. Tissu de limite et d’illimité.

Cet univers est beau comme un présent d’amoureux.

[Cronos, dans Pherekydès, est du côté du bien. Ennemi d’Ophion. Les passages de l’Apocalypse sur le serpent jeté du haut du ciel doivent venir de Pherekydès.]

D’après Philon cité par Eusèbe (P. E. I. 10, 50), Pherekydès a pris ces récits aux Phéniciens.


L’amandier du conte de Grimm, au pied duquel sont enterrés les os du petit frère — après que la mère elle-même y a été enterrée — et sur lequel se tient l’oiseau qui chante si bien ; serait-ce l’arbre du monde ?