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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/268

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Dieu et sans autre mobile ou intention que cette obéissance, il est certain qu’on obéit à Dieu.

Mais s’en suit-l qu’on puisse faire n’importe quoi avec cette intention ?

C’est le grand problème, le problème de la Gîta.

Je ne le comprends pas encore bien.

Il y a trois mystères ici-bas, trois choses incompréhensibles. La beauté, la justice et la vérité.

Ce sont les trois choses reconnues par tous les hommes comme normes de toutes les choses d’ici-bas. L’incompréhensible est la norme du connu.

Quoi d’étonnant si la vie terrestre est impossible ?

Nous sommes comme des mouches collées au fond d’une bouteille, attirées par la lumière et incapables d’y aller.

Pourtant, plutôt être collé pour la perpétuité des temps au fond de la bouteille que de se détourner un instant de la lumière.

Lumière, auras-tu compassion et au bout de cette perpétuité briseras-tu le verre ?

Même si cela ne doit pas être ainsi, rester collé au verre.

Il faut avoir traversé la perpétuité des temps dans un temps fini. Pour que cela, qui est contradictoire, soit possible, il faut que la partie de l’âme qui est à la hauteur du temps, la partie discursive, la partie qui mesure, soit détruite.

Elle n’est détruite que par le malheur accepté ou par une joie intense au point de précipiter dans la pure contemplation. Ou encore autrement ?

La technique du koan (bouddhisme zen) est une méthode pour cette destruction.

Platon avait peut-être une méthode de ce genre, dans ce qu’il nommait dialectique ?

Pour la partie de l’âme située au-dessous du temps, une durée finie est infinie. De même qu’un mètre contient une infinité de points.

Si par la destruction de la partie discursive la couche inférieure de l’Âme est mise à nu, si de cette manière en un temps fini la perpétuité est traversée, si pendant cette