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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/288

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Que Dieu soit un pôle, et l’autre le point fixe de l’âme, c’est-à-dire la présence de Dieu dans l’âme.

Comme nous sommes dans le mensonge, ce que je nomme moi n’est pas au centre de mon âme. C’est pourquoi tout ce qui intéresse directement le centre de mon âme est extérieur à ce que je nomme moi.

C’est pourquoi tous les inspirés, de quelque inspiration qu’il s’agisse — serait-elle d’un ordre tout à fait profane, comme l’invention d’une machine — éprouvent l’inspiration comme un phénomène extérieur à eux-mêmes.

Ou encore on peut raisonner ainsi. Comment de moi sortirait-il plus de bien qu’il n’y en a en moi ? Si je progresse en bien, il faut qu’un bien extérieur m’influence.

Si le désir du bien est possession du bien, le désir du bien est producteur de bien, c’est-à-dire producteur de désir de bien.

Il y a hors de moi un bien supérieur à moi et qui m’influence pour le bien toutes les fois que je désire le bien.

Comme aucune limite n’est possible à cette opération, ce bien hors de moi est infini ; c’est Dieu.

Même là il n’y a pas croyance, mais certitude. Il est impossible de penser le bien sans penser tout cela, et il est impossible de ne pas penser le bien.

Comme il n’y a aucune limite à cette opération, l’âme doit finalement cesser d’être par assimilation totale à Dieu.

À n’importe quel stade de la transformation, l’âme peut refuser une transformation ultérieure. Elle reste alors peut-être un temps dans l’état où elle se trouve. Mais seulement un temps. Ensuite elle retombe. Progressivement, comme elle est montée. Et tant que le désir pur du bien n’a pas été entièrement effacé, tant qu’il en reste au moins un grain, elle peut se ressaisir et remonter. Elle remontera plus haut que la première fois. Mais si, parvenue plus haut, elle refuse de nouveau, cela recommence.

Une âme peut parvenir à n’importe quelle hauteur